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La Revue de Presc
8 mai 2015

1h09, Sous les bombes de Gert Ledig

Ma réputation d'amoureuse de la littérature de guerre n'est plus à faire.
Sous les bombes est d'abord une jolie découverte graphique au Salon du livre de Paris. C'est ensuite une plongée littéraire et intensément humaine. 

téléchargement (2)


Une narration qui se concentre sur 1h09 de temps. 1h09 de bombardements, 1h09 de violence, 1h09 de peur et de survie. Une petite ville d'Allemagne, anonyme comme tant d'autres, est la cible des Américains. C'est peut-être ce qui séduit le plus au premier abord : le regard tourné vers l'Allemagne. On oublie bien trop souvent le calvaire des soldats et civils allemands qui ont subi, eux aussi, la dictature et la violence. 

Gert Ledig s'intéresse à plusieurs groupes : soldats russes et américains, médecins et civils allemands. On y suit, par exemple, une mère allemande à la recherche de son fils-soldat, dont personne n'osera lui apprendre la mort. Ou encore cet américain, qui préfère bombarder les cimetières puisque, de toute façon, il ne pourra tuer les morts

La violence n'est pourtant pas toujours là où nous l'attendons. Les civils aussi en font les frais. Et surtout les femmes, qui subissent harcèlements, viols et atrocités. Au fond, chaque Homme se mue en mort-vivant. 

Dans l'absurdité des situations (un médecin incapable qui ne fait que tuer ses patients, une veuve qui jouit de la souffrance de ses voisins, un messager qui n'écoute pas les ordres), l'Homme veut simplement se sentir vivant, encore une fois, une toute dernière fois. C'est aussi le point fort de Sous les bombes : prendre le parti de raconter l'histoire d'un homme plutôt que celle de milliers. Évidemment, le lien est rapidement établi, mais le récit en ressort plus humain et personnel. 

La narration est hachurée, rendant parfois difficile le suivi des groupes. Poétique de la césure, à l'image des bombardements qui viennent troubler le quotidien. Il y a là une stratégie mimétique de la part de l'auteur. Les nombreux dialogues qui forment les chapitres rendent le récit indéniablement palpable, permettant même une visualisation assez nette des différentes scènes. Les corps déchiquetés se montrent à nous, la ville en ruine également. 

Une lecture sur les morts définitivement vivante.

Sous les bombes, Gert Ledig, traduit de l'allemand par Cécile Wajsbrot
Paru en mai 2013 aux éditions Zulma.

 

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