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La Revue de Presc
21 mars 2015

Reprise et commencement avec Kamel Daoud

Après près de trois ans d'abandon, sans réellement avoir commencé un jour, j'ai pris la décision de reprendre ce blog.
Et pour ce nouveau commencement, une chronique de lecture du mois de mars : Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud. 

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Si vous n'avez jamais lu L'Étranger d'Albert Camus, pas de panique, vous pouvez vous plonger dans cette contre-enquête. En revanche, vous n'avez pas le droit de passer à côté d'un tel classique. Mais ceci est un autre débat... Pour autant, cette critique parlera certainement davantage aux lecteurs de Camus.

C'est assez troublant comme la fiction prend le pas sur la réalité, la réalité sur la fiction. Très vite, "l'Arabe" prend forme et vie. L'être de papier devient chair et le lecteur ne sait plus si la contre-enquête est un écho au texte de Camus, ou si elle est oeuvre à part entière...
Si le doute s'installe, la réponse est peut-être là : oui, Kamel Daoud nous fait oublier Camus tout en y faisant référence continuellement. 

Il se lit d'un seul souffle : style fluide, captivant et linéaire. Et pourtant, c'est l'histoire d'une non-histoire. Absurde ! 
Et c'est surtout éminemment poétique. Terriblement contemporain et fatalement classique. 
Malgré cette lecture rapide, je suis souvent revenue en arrière, pour me poser sur les mots, les tordre, les écarteler et les savourer. 
Lorsqu'un écrit sait me faire vibrer tant du point de vue littéraire que linguistique, je suis définemment conquise. 

Arabe, je ne me suis jamais senti arabe, tu sais. C’est comme la négritude qui n’existe que par le regard du Blanc.

C'est aussi le portrait d'un homme qui n'est pas dans le bon pays, la bonne époque, le bon corps. 
C'est la non-histoire qu'un enfant qui ne peut grandir. Livré à lui-même, ou plutôt aux souvenirs des défunts. 
Et que dire de la pression religieuse ? Du bien-penser de la société ? En fait, j'entends des échos de la situation actuelle de Kamel Daoud, journaliste algérien sous le coup d'une fatwa, accusé d'apostasie. Soit. Parlons de l'auteur, pas de l'homme. 

La contre-enquête, s'il faut qu'elle ait une trame, ce serait celle de la liberté individuelle. 

Une seule ombre au tableau, mais selon moi de taille : l'adresse directe au lecteur est assez dérangeante.
Pour autant, Merci pour le soleil, la chaleur, l'Algérie traditionnelle et celle qui l'est moins. La vie, et celle qui ne l'est plus. 

 

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Commentaires
C
Excellente critique! Bravo, je lis tout cela avec plaisir.
La Revue de Presc
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