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La Revue de Presc

16 mai 2015

Sonia Ristic et son univers poétique

Après l'auteur régional (Fanny Chiarello, voir plus bas), cap sur l'éditeur régional, Atria. 

 

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C'est l'histoire d'un homme que l'on attend depuis "très très longtemps". Abel, l'étranger de tous mais surtout de lui-même, hérite d'une maison sur une île qui ne figure sur aucune carte. La traversée depuis le continent donne le ton : les chants du passeur entraînent les baleines dans une danse passionnée. C'est le "siècle de ceux qui partent" et qui ne reviennent jamais. L'île n'est nulle part, l'île n'a pas de nom, l'île ne connaît que l'été. Pour l'instant.

L'île en été est avant tout l'occasion de croiser les chemins de personnages atypiques : Ulysse, "celui qui court", Cassandre, "comme celle qui dit ce qui va arriver", ou Pandora, "comme la femme qui a la boîte". La musicalité de l'écriture, et celle des baisers, rappellent les contes africains éminemment poétiques. La démarche est symbolique, imagée, sensible.

L'histoire d'Abel est surtout un long voyage initiatique où la rencontre de l'Autre devient résurgence de sa propre mémoire. Où la mort devient signe de vie. Où une partie d'échecs qui ne se finit jamais peut devenir un jeu de victoires sur le temps.

Véritable leitmotiv, le temps n'existe pourtant pas. Chaque narration prend la forme d'une légende sous les traits des natifs de l'île à la mémoire infinie. Et d'inviter le lecteur à savourer "tout instant éphémère qui file à toute allure et où la mémoire est le luxe de ceux qui n'ont que du temps". À travers ce dérèglement, le temps fécond mais non moins castrateur se place délicatement au centre de l'intrigue.

Une île en hiver donne envie de se plonger dans le regard de l'homme "aux yeux couleur de la mer en hiver" en attendant l'été. 

 

Une île en hiver, Sonia Ristic
Publié en janvier 2015 aux éditions Atria. 

 

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8 mai 2015

1h09, Sous les bombes de Gert Ledig

Ma réputation d'amoureuse de la littérature de guerre n'est plus à faire.
Sous les bombes est d'abord une jolie découverte graphique au Salon du livre de Paris. C'est ensuite une plongée littéraire et intensément humaine. 

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Une narration qui se concentre sur 1h09 de temps. 1h09 de bombardements, 1h09 de violence, 1h09 de peur et de survie. Une petite ville d'Allemagne, anonyme comme tant d'autres, est la cible des Américains. C'est peut-être ce qui séduit le plus au premier abord : le regard tourné vers l'Allemagne. On oublie bien trop souvent le calvaire des soldats et civils allemands qui ont subi, eux aussi, la dictature et la violence. 

Gert Ledig s'intéresse à plusieurs groupes : soldats russes et américains, médecins et civils allemands. On y suit, par exemple, une mère allemande à la recherche de son fils-soldat, dont personne n'osera lui apprendre la mort. Ou encore cet américain, qui préfère bombarder les cimetières puisque, de toute façon, il ne pourra tuer les morts

La violence n'est pourtant pas toujours là où nous l'attendons. Les civils aussi en font les frais. Et surtout les femmes, qui subissent harcèlements, viols et atrocités. Au fond, chaque Homme se mue en mort-vivant. 

Dans l'absurdité des situations (un médecin incapable qui ne fait que tuer ses patients, une veuve qui jouit de la souffrance de ses voisins, un messager qui n'écoute pas les ordres), l'Homme veut simplement se sentir vivant, encore une fois, une toute dernière fois. C'est aussi le point fort de Sous les bombes : prendre le parti de raconter l'histoire d'un homme plutôt que celle de milliers. Évidemment, le lien est rapidement établi, mais le récit en ressort plus humain et personnel. 

La narration est hachurée, rendant parfois difficile le suivi des groupes. Poétique de la césure, à l'image des bombardements qui viennent troubler le quotidien. Il y a là une stratégie mimétique de la part de l'auteur. Les nombreux dialogues qui forment les chapitres rendent le récit indéniablement palpable, permettant même une visualisation assez nette des différentes scènes. Les corps déchiquetés se montrent à nous, la ville en ruine également. 

Une lecture sur les morts définitivement vivante.

Sous les bombes, Gert Ledig, traduit de l'allemand par Cécile Wajsbrot
Paru en mai 2013 aux éditions Zulma.

 

5 avril 2015

Balade légère avec Fanny Chiarello

Il était grand temps de rencontrer les mots de Fanny Chiarello, l'une des figures contemporaines de la région...

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Dans son propre rôle
est une douce balade. C'est d'abord l'histoire d'après-guerre de deux bonnes anglaises, veuves, plus ou moins. La première a perdu son mari au front, la seconde sa voix. Elles ne se connaissent pas mais le destin en a décidé autrement ; leurs chemins vont se croiser, se faire face puis se délier... 

Les deux voix se répondent dans une mise en écho intéressante. Ce va-et-vient est savamment orchestré. Mais c'est ça ! Fanny Chiarello met en musique les sentiments, les émotions, les sensations. Dans un style agréable, fluide et rythmé. 
Les deux voies se répondent jusqu'à s'affronter dans un dénouement malheureusement attendu. Et de ce fait, décevant.

Dans son propre rôle est une douce balade, en apparence. Parce que c'est aussi, et surtout, l'histoire d'une question délicate, gênante, mais tellement humaine : quelle histoire mérite le plus qu'on la plaigne ? Quelle personne souffre le plus ? S'ensuit alors une violente et délicate ritournelle : la hiérarchie des traumatismes. La mort est-elle le pire ? Vaut-il mieux connaître l'amour puis le perdre, comme la première bonne, ou ne jamais y goûter, comme la muette ? 

Le personnage de la muette est, à mon sens, central. Il a été pensé, écrit et sculpté de façon à le rendre entièrement vivant. Au fond, c'est peut-être dans le silence que nous nous exprimons le plus. Parce que cette bonne est la plus humaine des deux, la plus sensible, la plus vivante. Malgré son double-handicap (physique et amoureux), elle reste dans le rôle le plus admirable, le sien
C'est aussi l'occasion de tourner le projecteur vers une question encore et toujours d'actualité : la hiérarchie se place-t-elle avant l'humain ? 

Les thèmes ne sont pas tellement nouveaux (condition humaine, après-guerre, miracles de la vie...) mais ils sont ici abordés d'une jolie façon. C'est peut-être cela... Dans son propre rôle en un mot ? Joli. Et éminemment doux. Voilà. 

Dans son propre rôle, édité chez l'Olivier, a reçu le prix Landerneau 2015, décerné par les libraires des centres culturels Leclerc. 

21 mars 2015

Reprise et commencement avec Kamel Daoud

Après près de trois ans d'abandon, sans réellement avoir commencé un jour, j'ai pris la décision de reprendre ce blog.
Et pour ce nouveau commencement, une chronique de lecture du mois de mars : Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud. 

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Si vous n'avez jamais lu L'Étranger d'Albert Camus, pas de panique, vous pouvez vous plonger dans cette contre-enquête. En revanche, vous n'avez pas le droit de passer à côté d'un tel classique. Mais ceci est un autre débat... Pour autant, cette critique parlera certainement davantage aux lecteurs de Camus.

C'est assez troublant comme la fiction prend le pas sur la réalité, la réalité sur la fiction. Très vite, "l'Arabe" prend forme et vie. L'être de papier devient chair et le lecteur ne sait plus si la contre-enquête est un écho au texte de Camus, ou si elle est oeuvre à part entière...
Si le doute s'installe, la réponse est peut-être là : oui, Kamel Daoud nous fait oublier Camus tout en y faisant référence continuellement. 

Il se lit d'un seul souffle : style fluide, captivant et linéaire. Et pourtant, c'est l'histoire d'une non-histoire. Absurde ! 
Et c'est surtout éminemment poétique. Terriblement contemporain et fatalement classique. 
Malgré cette lecture rapide, je suis souvent revenue en arrière, pour me poser sur les mots, les tordre, les écarteler et les savourer. 
Lorsqu'un écrit sait me faire vibrer tant du point de vue littéraire que linguistique, je suis définemment conquise. 

Arabe, je ne me suis jamais senti arabe, tu sais. C’est comme la négritude qui n’existe que par le regard du Blanc.

C'est aussi le portrait d'un homme qui n'est pas dans le bon pays, la bonne époque, le bon corps. 
C'est la non-histoire qu'un enfant qui ne peut grandir. Livré à lui-même, ou plutôt aux souvenirs des défunts. 
Et que dire de la pression religieuse ? Du bien-penser de la société ? En fait, j'entends des échos de la situation actuelle de Kamel Daoud, journaliste algérien sous le coup d'une fatwa, accusé d'apostasie. Soit. Parlons de l'auteur, pas de l'homme. 

La contre-enquête, s'il faut qu'elle ait une trame, ce serait celle de la liberté individuelle. 

Une seule ombre au tableau, mais selon moi de taille : l'adresse directe au lecteur est assez dérangeante.
Pour autant, Merci pour le soleil, la chaleur, l'Algérie traditionnelle et celle qui l'est moins. La vie, et celle qui ne l'est plus. 

 

13 novembre 2012

"Le désir est le désirer"

Les chats ont un mal de chien

A trouver un abri ce soir.

Et pendant que je broie du noir,

Tu ne te souviens de rien.

 

C'est comme le même parfum,

Qui, sans cesse, revient

Chatouiller mes souvenirs,

Agacer la forteresse de mon empire.

 

J'aurais dû rêver un peu moins fort,

Pour ne pas influencer les coups du sort.

Me voilà seule, animée d'une haine indicible,

Marquée par ces couleurs sombres indélébiles.

 

Les acrobates se sont fait la malle

Et l'assistance file à l'anglaise.

Fouettée par la brise matinale,

Je ravive les braises.

 

Etreins-moi,

Eteins-moi.

Enlace-moi,

Puis lasse-toi.

 

Le désir naît,

Le désir n'est

Qu'un pas de plus,

Un petit lapsus.

 

Transgresser les inter-dits,

Défier les non-dits.

Craindre l'ennui,

Battre l'ennemi.

 

Mais le bonheur?

A la bonne heure!

Vient au hasard,

Au détour d'un regard.

 

Comme si tout était écrit,

Pousser un dernier cri.

Fantasmer l'imprévisible,

Changer les possibles.

 

Etreins-moi,

Eteins-moi.

Enlace-moi,

Puis lasse-toi.

 

Le désir est,

Le désirer.

Feindre le néant,

Se retrouver présent.

 

 

Jouer avec le feu,

Maudire les dieux.

Manquer les occasions,

Croire aux démons.

 

Prendre un sursis

Dans son Paradis.

Me damner en Enfer,

Finir à la mer.

 

Mon défi,

Mon pari,

Mes envies,

Mes folies.

 

Étreins-moi,

Eteins-moi.

Enlace-moi,

Puis lasse-toi.

 

Me crever le cœur

En Ré Mi majeur.

Transie de peur comme pour la première fois,

Glacée au son de ta voix.

 

Toutes ces promesses,

Je les délaisse.

Donne-moi ta main,

Je ne lâcherai rien.

 

Cesse ces caresses,

Je n'en veux plus,

Goûte à l'ivresse

De ces surplus.

 

Trouver la faille,

Ignorer les détails,

Fondre sous ta bouche,

L’amour fait mouche.

 

Etreins-moi,

Eteins-moi.

Enlace-moi,

Puis lasse-toi.

 

Mon amour,

Mon toujours.

Mes ratures,

Mes fêlures.

 

Le désir meurt,

Le désir mord,

Mais dans le cœur,

Tout vit encore

      ...

Tu vis encore.

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12 novembre 2012

Parce qu'il faut bien un commencement à tout.

Parler de soi est un exercice difficile, mais nécessaire à tout début de relation. Alors, si je devais parler de moi, je dirais quelque chose comme ça...


Vraie littéraire, je porte cette fierté à bouts de bras, depuis maintenant plus de 11 ans. Mes rêves, mon unique jardin secret d'ailleurs, j'y tiens. D'ailleurs, je suis persuadée qu'il est impossible d'avancer sans rêve. "Il est important d'avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit", disait Oscar Wilde. J'en ai fait ma devise. 
Ma plus grande peur reste très souvent moi-même, rarement les autres. Comme tout le monde, j'ai rencontré des personnes qui ont changé mon existence, qui l'ont bouleversée, écrasée parfois, embellie souvent. Et eux aussi sont ma fierté. J'ai toujours rêvé d'être quelqu'un d'autre, jusqu'au moment où je me suis aperçue que la meilleure chose, dans la vie, est d'être soi-même, quoi qu'il arrive, jusqu'au bout. 

J'aime chanter sous la douche et danser devant le miroir. Finalement, je ne suis qu'une fille. J'idéalise ma vie au détriment de la réalité. Les chutes sont dures, les envols merveilleux. Naïveté et foi en l'Homme pourraient me définir assez justement. Je reconnais aussi être chiante, mais j'adore ça. Je pourrais aussi parler des heures, mais ça, je le fais déjà. Je me dis très souvent que je ne suis pas née à la bonne époque: les XVIIIe-XIXe semblent avoir été faits pour moi. Puis, je me dis que j'aurai eu beaucoup plus de mal à publier un roman épistolaire plutôt que de créer un blog. Et ça me réconforte.  Avide de culture et de littérature, mais je me soigne
Au final, je vis, ainsi que tous les gens que j'aime, et c'est le principal.

 

Mais comme biographie - au dos d'un bouquin, si on prend un exemple quelconque - je verrais bien ça:

" Après une scolarité somme toute tranquille qui semblait se tourner vers la langue anglaise, la littérature et la langue françaises l'ont attirée comme une moule à son rocher (comparaison mal placée). Après s'être battue pour la reconnaissance d'un bac littéraire auprès de sa famille, comme de ses amis, une licence en Lettres Modernes décrochée, la fameuse question de l'avenir restait en suspens: être prof ou ne pas être? NE PAS! (on comprendra certainement, plus tard, que j'ai beaucoup d'admiration pour eux). Master 1 en recherche Linguistique, puisque tiraillée entre la langue et la littérature. Une année qui ne s'est pas vraiment passée comme prévue, tant sur le plan personnel que scolaire. Des doutes, des remises en question, des pleurs plus tard, une nouvelle année en master "Littératures et Cultures Européennes", parce que, mine de rien, ça sonne bien tout ça. La littérature restera sa passion, et elle s'engagera dans le culturel, voilà un secteur qui recrute, un "vrai" comme dirait certains. Mais chassez le naturel, il revient au galop... "


Dernière chose, la littérature et l'écriture, j'ai ça dans la peau...

 

 

plumy

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